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Dominique De Varine

Septembre - octobre 2002

Légèrement ivre aux lumières


Au matin comme le soleil s'étire et que les rêves repartent, ce songe. A Kerduel la fenêtre de la chambre donnant sur l'étant, la mer. Quelques roches, le sable blond plongeant à l'eau, peu profonde, quelques mètres, limpide comme le cristal. Cristal. Au fond le sable, quelques roches. Poissons. Survient un plus gros poisson, entre phoque et dauphin. Son corps est sombre, aucune forme, une ombre. Survient un petit garçon, peut-être Foulque, une canne à pêche en la main. Il marche sur l'eau, pieds nus, précautionneux, silencieusement, se rapproche du poisson. Je lui dis de ne pas trop s'approcher, que le poisson va fuir, mais non lui se rapproche et le poisson ne fuit pas, et la canne bientôt est à sa verticale. Et plus personne ne bouge, l'hameçon sans doute doit lécher la gueule. L'hameçon lèche l'ombre, l'ombre absorbe, et le jeu se poursuit, sans que l'on ne sache qui absorbe qui, du garçon et du poisson, et l'ombre sans doute est âme. D'autres âmes surviennent, poissons et bêtes à cornes : d'énormes cervidés aux bois imposants marchant de droite et de gauche comme à l'herbe au fond de l'eau. Et de plus petits. Rien n'affleure à la surface. Pas de vaguelette. Les corps et les bois se fondent, en ombre, à l'âme, à l'eau cristalline ; spectacle sublime. Je vois bien de la fenêtre que les corps et les bois m'enseignent.