Sylvie Plateau

Janvier - Février 2001

Le désordre des sentiments


La belle unité en allée. Plus moyen d'y croire. pourquoi ce plus. Fut-il un temps qui crut à l'unité ? Probablement non, quoique les religions et combien de philosophies et psychologies cultivent le regret de ce temps d'harmonie et prétendent enseigner des façons d'y revenir. Chaque époque déplore la perte d'un âge d'or qu'elle à inventé au gré de ses tourments, ou gré de ses horreurs. Fragments, intersections superpositions, interpolations, collages, coutures. Autrement dit l'inverse : déchirures, ruptures, découpages segmentations. Le “moi” en miettes, les journées en éclats, les mémoires en lambeaux, les vies en morceaux : nos autoportraits ne s'obtiennent que par l'accumulation, au risque de l'incohérence et de l'incompréhension. Trop-plein de la mémoire. Depuis combien de temps s'y déversent et sédimentent des débris et des objets de toutes sortes ? Transposez de l'ouïe à l'œil. Après cela, cherchez à faire de la peinture. Franchement, ce n'est pas raisonnable. Ce n'est peut-être plus même acceptable sauf à pratiquer des formes dérivées, bien plus que secondes, très à distance, très au loin - ce qui se passe ici.

Extraits de "Bibs petite suite" Sylvie Plateau et Philippe Dagen.