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Marie Lepetit

Novembre - décembre 2002

Marie Lepetit


Description d’un combat. Le silence, cette paix qui nous gagne quand nous regardons les toiles ou les dessins de Marie Lepetit, est la marque d'un combat, je dirais, sa "description". On entre pas si facilement dans cette abstraction de plans et de lignes. Regardez de plus près et vous verrez qu'elle porte aussi sa part d'intranquillité, ou encore de "réalisme". Les bandes, le plus souvent rouges, de scotch accrochent parfois le papier, se superposent, les ratures de la mine de plomb ne sont pas toutes effacées, le blanc, la seule "couleur", traverse la toile, vierge - empreintes tactiles (M. L. insiste) - émergence d'une mémoire involontaire - couches géologiques qui mesureraient l'âge de cette peinture, son histoire, tel une "mise à nu". On a l'impression que M. L. cherche, car elle cherche, à défaire (brouiller) les traces d'un chemin, d'un héritage (M. L. me regarde, elle a dans les mains une carte postale de Martin Barré et cite Luigi Nono) d'une géométrie, trop plane, trop sèche, ajoute-t-elle dans un mouvement de dépit. Le carré, oui, dit-elle encore parce qu'il n'a pas de haut pas de bas, pas de droite, pas de gauche et qu'on peut le tourner ou le retourner, l'arpenter dans tous les sens. Je pense alors aux quatre silhouettes d'une pièce pour la télévision de Samuel Beckett qui arpentent les quatre coins d'un carré jusqu'à l'épuisement de toutes les possibilités. Elles évitent le centre, cette "zone dangereuse", où elles risqueraient, en se rencontrant de se percuter, la collision, ou le centre, comme Marie Lepetit que nous recherchions toujours. Jean-Pierre Ferrin

http://marielepetit.fr/