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Armand le poête expose !

une exposition de poésie

du 20 février au 12 avril 2012 - salle d'exposition "VA !"
 
Armand présente une série d'écrits calligraphiés, une autre au format timbre poste, une troisième avec la complicité du peintre Alain Pouillet et une septième avec le sculpteur de mots en métal Guypierre.

On connaissait déjà les écrits du très populaire et très désarmant Armand le Poête, héritier dysorthographique de Prévert et de Queneau, qui depuis 15 ans à publié déjà une dizaine de recueils principalement inspirés par la quête naïve de l'Amour. Selon son biographe on apprend "qu'il regarde souvent la télé, qu'il aime le foot, qu'il est sans travail et qu'il a vécu quelques années avec Violette, dont on ne sait rien sinon qu'ils sont aujourd'hui séparés". Parmi ses derniers ouvrages citons Le sexe des poèmes, Cache Cache poème, Allumer tes yeux, Les nouveaux poèmes d'amour. Il y eut aussi des versions filmées, radiographiées ou mise en scène pour le théâtre ou des spectacles de marionnettes.

 

http://armand.le.poete.free.fr/

 

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vernissage : vendredi 17 février à 19h

Salle d'exposition "VA !"
Centre Culturel, Centre de Créations pour l'Enfance - Maison de la Poésie
8 rue Kléber - 51430 Tinqueux

du lundi au vendredi, 10h - 12h / 14h - 18h

 

Cette exposition va prochainement intégrer le catalogue de nos expositions itinérantes, disponibles à la location. Dossier complet et fiche technique sont en cours de rédaction et seront bientôt disponibles dans la rubrique "expositions à louer"
En attendant, n'hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez déjà avoir plus d'informations.

 

 

JOUER AVEC LES MOTS EST-CE BIEN SÉRIEUX ?


Armand le poête (avec un accent circonflexe s’il vous plaît) s’expose sous une multitude de formes au Centre Culturel, Centre de créations pour l’Enfance  de Tinqueux jusqu’au 12 avril.
Art contemporain ? Forcément, puisque le poète est bel et bien vivant. Art discutable ?  Heureusement car il ne s’agit pas de décorer des murs. Art humoristique ? Et bien oui, penser la vie n’est pas toujours triste.

De plus, notre poète ne travaille plus seul. Déjà avec les Vidéopoêms, il s’était associé aux musiciens de la Tribu Hérisson. Depuis il a donné une structure métal à ses textes grâce à Guypierrre, artiste qui sait plier la matière fer à son vouloir écrire. Avec l’artiste Yves Olry, la poésie se répète au mur en une série de boites métalliques, un alignement de gris et de rouge qui nous invite au rapprochement. Le peintre Alain Pouillet a, quant à lui, offert, une palette de couleurs à celui qui écrit, ingénu personnage : tout ce que je fait sa foire  (sic).
Armand, c’est un univers singulier qui a voulu s’extraire du livre pour offrir d’autres dimensions à son travail poétique. 
Mais l’aspect ludique de certaines œuvres ne doit pas nous distraire trop vite de ce qui intrigue chez l’artiste : son rapport très personnel et désinhibé avec la langue française. 
En imposant  son orthographe et sa grammaire comme une nouvelle manière de transcrire le monde, son monde, il nous contraint - avec le sourire pour certains et de l’agacement pour d’autres - à questionner notre propre relation à la langue française.  L’incorrigible Armand nous met dans l’embarras : doit-on en rire ou faut-il s’indigner ? Est-ce mépris ou transgression ? 

En France, le terme de faute  est souvent utilisé pour désigner une erreur grammatical ou syntaxique. Ce serait donc pêché que de mettre un r de trop à carotte ou un accent circonflexe au mot poète. Et plus d’un se souvient du rouge posé au cœur de nos textes comme un coup de canif à notre égo. 
Alors la question peut se poser est-ce de l’art ou du travail de cochon que d’écrire : l’orthographe est un piêge à moineaux ?

Marina Yaguelo linguiste nous rappelle judicieusement : 
L'être humain entretient avec le langage des rapports de nature érotique. La langue est un objet d'amour et de haine parfois, et de plaisir. 
Les structures contraignantes de la langue viennent très tôt contrecarrer chez l'enfant la tendance naturelle au jeu, au désordre, au plaisir, à l'imagination créatrice. 
Il entre dans la dure réalité de l'apprentissage du code.
Le langage est soumis à des contraintes, mais si l'on ne pouvait prendre aucune liberté avec lui, il ne serait qu'un langage machine. 
Jouer avec les mots, c'est prendre ses distances avec le langage et donc soi-même.

Et puis ne nous égarons pas, le monde d’Armand est trop léger pour ne pas dissimuler une forme de gravité. D’ailleurs l’on voit, après un premier tour, le visiteur retourner aux œuvres présentées avec un peu plus de sérieux, comme s’il était conscient que quelque chose lui a échappé. 

L’exposition, accessible à tous : adultes et enfants, passionnés des mots et des images, extrémistes de l’orthographe ou militants de la liberté de syntaxer en paix … est avant tout un voyage amoureux, dans tous les sens du  terme. 
Et quoiqu’il en soit, Armand se fiche certainement de ce genre de débat, il est comme les enfants, dans le sérieux du jeu. Concentré sur son affaire, prière de ne pas déranger. Il aime mettre met des accents graves là où bon lui semble ou pas.
 
article et crédit photos : Fabienne Swiatly